Françoise GALEA

Maman,

Ta vie a été longue, presque un siècle, commencée en Algérie, dans la ferveur et la foi. Tu as rencontré ton mari à l’église, et de cette union sont nés sept enfants. Mais le chemin n’a pas été celui que tu avais imaginé. Tu as connu les joies, les désillusions, les blessures, et tu as dû apprendre à trouver ton propre bonheur ailleurs, plus tard, lorsque tu as enfin pu vivre seule. ,Tu me disais encore il y a quelques semaines : « j'ai été heureuse lorsque j'ai pû quitter ton père ».

Ton histoire, maman, je voudrais la résumer par trois images.

La première, c’est celle du zalabia. Tu ne voulais plus manger, mais tu avais gardé l’envie de ce petit gâteau de ton enfance. On te l’avait interdit, mais je t’en ai acheté un, comme je te l'avais promis. Keanui dit que tu le mangeras au paradis des mamies Coco –mamie coco, ce surnom tendre que Keanui t’avait donné parce que tu l’appelais toujours “mon Coco”.

La deuxième image, c’est celle de la musique. Cet été, en août, à l’Ehpad la rosée , Keanui est venu te jouer un petit concert. Et toi, devant tous les pensionnaires réunis, tu rayonnais. Tu étais fière, heureuse, habitée par la joie. Tes yeux brillaient comme rarement. Ce jour-là, ta vie avait la légèreté d’un air de clarinette.

La troisième image, c’est celle du tricot. Le dernier pull que tu as fait pour Keanui avait un côté 12 centimètres plus court que l’autre, et une manche un peu de travers. Tu ne voyais presque plus, mais tu riais beaucoup de cette création un CHOUÏA GAVATCHO et nous aussi: C’était toi : imparfaite, drôle, humaine. Et pour cela, maman, tu es pardonnée.

Voilà le fil de ta vie : une douceur sucrée....... une musique offerte...... un tricot maladroit mais sincère.

Maman, merci pour tout ce que tu as fait de bien pour nous dans ta vie. Je sais que tu as fait ton possible...

Ces jours derniers je fus par ailleurs témoin affecté de tes ultimes souffrances.
Malgré ma lutte acharnée dans cette épreuve aux côtés de Bénédicte, Bernard, Patrick, et le soutien à distance de Stéfan, nous fûmes impuissants contre le corps médical. Oui, impuissants à faire comprendre aux professionnels t'ayant entourée pendant les quatre derniers mois de ta vie que tes souffrances endurées tout au long des quinze derniers jours devaient être prises au sérieux autant que faire se pouvait.
Je suis vraiment désolé, j'ai fait mon possible, nous avons tous fait notre possible.
Il était inutile à nos yeux de te laisser endurer les affres d'une situation aussi infamante. Personne ne mérite un tel châtiment. Ici aussi tu as lutté vaillamment contre l'adversité, fidèle à l'image que tu nous as toujours donnée ...

Non convaincus de cet état de fait, les soignants (évoquant des arguments pseudo-scientifiques) ne te sont pas venus en aide efficacement à temps. Nous souhaitions les voir à l'œuvre plus tôt pour limiter les effets de cet "hors de prix" que la vie exigea de toi avant de s'autoriser à te quitter. Nous le regrettons amèrement au plus profond de notre être.

Même si tu en ressors plus forte dans mon estime, j'en suis pour autant profondément meurtri.
Cependant aujourd'hui je suis rassuré de te savoir hors de portée de ces horreurs.

Pour finir sur une note gaie, après une très longue absence j'ai eu la chance de te retrouver récemment et je garderai en mémoire ces moments de partage autour de diverses chansons, défis orthographiques et grammaticaux. Ils furent si intenses en émotion ! Et tu t'en sortais drôlement bien !!!
J'ai la forte impression que tu m'as abondamment transmis ces plaisirs et appétences culturels. Encore un très grand merci.

Ton fils aîné.

Mamie,
Tu as été bien plus qu’une grand-mère pour moi.
Tu as tenu la place d’un parent, toujours présente et bienveillante.
Tu m’as accompagné tout au long de ma vie avec douceur, patience et attention.
Tu as été un repère important, quelqu’un sur qui je pouvais toujours compter.
Ton soutien et ton amour ont beaucoup compté pour moi.
Jusqu’à la fin, tu es restée la même, simple, courageuse et attentionnée.
Merci pour tout ce que tu as fait pour moi et pour ce que tu as été.
Je t’aimerai toujours, repose en paix.
Sacha

Maman,

Même si nos chemins n’ont pas toujours été simples, je repense souvent à tous ces moments partagés, dans la complicité.
 Ces instants où nous nous tenions la main, où nous chantions ensemble, où le temps semblait suspendu.
Ces souvenirs me reviennent avec douceur, comme des éclats de vie qui apaisent le reste.
 Malgré nos différences, il reste entre nous ce lien unique, celui d’une mère et de sa fille, que rien n’efface.
Les derniers mois ont été éprouvants. Te voir affaiblie, lutter jour après jour, m’a profondément touchée.
 J’aurais voulu pouvoir t’épargner cette souffrance, trouver un moyen de te soulager davantage.
 Alors je suis restée là, simplement, à tes côtés, avec tout ce que je pouvais te donner de présence et de tendresse.
Aujourd’hui, je garde de toi ce qu’il y avait de plus authentique : les gestes simples, la chaleur d’une présence, et la trace discrète de ton amour.
Repose en paix, je t'aime maman.
Bénédicte

Merci Mamifre, pour tous ces moments partagés avec toi lorsque nous venions pour Noël ou passer l'été à la Corniche Fleurie (où Sandy a fait ses premiers pas). Nous gardons en mémoire le goût de tes délicieuses "cocas", succulents "macrouns" et nos discussions que tu rendais si passionnantes sur Camus et tous les autres sujets que tu partageais avec nous de bon cœur. Avec tout notre amour. Sandy, Manuel et Miguel

Merci Francine, pour tous les bons moments passés ensemble à la Corniche. Quel plaisir que ces parties de Scrabble disputées avec toi. Nous avons maintenu les contacts toutes ces années jusqu'aux dernières vacances chez Bénédicte.
Mes derniers messages sont restés sans réponse ; je sais que tu étais déjà en souffrance et j'en suis désolée.
Tu vas beaucoup me manquer ainsi que nos échanges téléphoniques chaque fin de semaine. Je pense à toi. Martine

La main de Francine posée sur la mienne pour sceler une amitié providentielle pour la fin de sa vie...
Une amitié dont je me nourrirai longtemps.
Merci Francine

Agréable moment passé près de toi

Paix à ton âme